Nous traversons une situation exceptionnelle inédite forgée par la crainte et les incertitudes. Comme bien souvent, le sport est à l’image de la société et est traversé par les mêmes interrogations. Quel avenir pour nos clubs ? Comment sortirons-nous de cette crise ? Pourra -t-on relever la tête ? Ce sont autant de problématiques qui se posent devant les dirigeants vaudais, qui à l’instar du monde sportif dans son ensemble, veulent plus que jamais garder le cap et sortir de cette situation avec les mêmes valeurs que celles qui les ont animés jusqu’à présent à savoir la transmission, le goût de l’effort et surtout les valeurs de solidarité qui nous lient tous.Durant le confinement, nous vous proposons une série d’interviews de ces dirigeants qui dressent un état des lieux de la situation de leur club au moment où nous les interrogeons pour garder, comme ils le désirent, un lien avec leurs adhérents et ceux qui se soucient de l’avenir du sport amateur. Pour lancer cette initiative baptisée ensemble, nous gagnerons, Pascal Tchukriel, président de l’Amicale laïque de judo de Vaulx-en-Velin, nous livre son sentiment au moment où un déconfinement progressif est annoncé pour le 11 mai prochain.
Quelle est la situation de votre club à l’heure où on se parle ? Y a-t-il eu des décisions prises ?
On a décidé de maintenir le salaire de nos deux salariés pour mars et avril déjà. Pour le reste, la vie du club est stoppée, on n’a pas d’argent à sortir mis à part ces rémunérations, donc pour l’heure il n’y a pas péril dans la demeure. On a la chance aussi que pour l’instant aucun parent nous ait contacté pour demander un remboursement sur une partie de la licence. Il n’y a pas de bilan de l’année au niveau des résultats et donc les parents risquent d’être déçus. Ce qui est le plus inquiétant est je pense, la reprise en septembre. Comment vont réagir les parents ? On ne sait pas trop encore. Nous avons eu une réunion en vidéoconférence avec les membres de l’OMS, on se disait que peut-être en septembre il y aura des prix à faire sur certaines licences mais on se demande si tous les clubs pourront le faire parce que financièrement, ça va compliqué de gérer ensuite la saison qui va venir.
Concernant une possible reprise, comment envisagez-vous la suite ?
Je suis en contact régulier avec les profs, si on nous dit qu’au mois de mai il y aura une reprise, peut-être qu’on fera quelques cours quand même pour permettre aux enfants de retrouver un peu le monde du judo et qu’on puisse leur montrer que nous sommes présents et que ça nous a manqué. Mais à part les cours et les entraînements, il n’y aura plus rien.
Quel est le souhait pour la suite au niveau de l’équipe dirigeante ?
D’après les premiers échos que j’ai eu, j’ai pas connaissance d’aucune personne du club touchée par ce virus mais je sais pas trop. On est un peu dans l’expectative. Moi, j’aurais bien aimé que ça s’arrête un peu en mai et qu’on puisse pendant un mois, un mois et demi, revoir les parents et les enfants afin de les rassurer et leur dire que le club va bien et qu’on va tout reprendre en septembre dans de bonnes conditions. J’aimerais leur dire qu’on est tous là, que ça été lourd à supporter mais que le club va bien. A mon avis, d’après ce que je comprends, on ne reprendra pas en mai. La saison risque d’être terminée même si j’espère que je me trompe.
Certains clubs ont semble-t-il déjà pris la décision d’arrêter cette saison, ce n’est pas votre cas si je comprends bien.
Au niveau des compétitions oui c’est terminé, il y avait une grande compétition mi-mai, elle a été annulée y compris par la fédération. Je sais que jusqu’à fin juin, à part peut-être des passages de grade si la fédération fait quelque chose, il n’y aura rien. Par contre, pour les entraînements, on a l’envie de redonner au goût aux enfants, ça serait dommage de tout arrêter mais ce qui prime avant tout c’est la sécurité.
Comment envisagez-vous la suite ? Y aura-t-il des conséquences ?
L’impact est que chacun sera différent dans nos vies, je pense qu’il y aura plus de sécurité dans les lieux publics, qu’on changera d’état d’esprit. On sera sans doute un peu plus vigilant. On pourra mettre par exemple à disposition dans nos clubs du gel hydroalcoolique toute l’année et dire aux enfants qu’il aura plus d’hygiène et de propreté. Cela fera peut-être partie d’une éducation de plus à transmettre aux enfants.
Y a-t-il des conséquences au niveau financier ?
Pour l’instant, le club n’est pas trop impacté, ce que je crains c’est la reprise en septembre. Il y aura peut-être moins de personnes qui vont venir ou il faudra faire des efforts pour les garder et c’est là qu’on risque d’avoir des difficultés financières.
Avez-vous des attentes au niveau des institutions ?
L’attente que j’ai est qu’ils nous rassurent. J’espère qu’ils nous aideront pas pour le bilan de cette saison mais plutôt pour la saison à venir qui risque d’être plus dure à gérer financièrement.
Avez-vous eu des instructions de la fédération ?
La fédération a été claire, toutes les compétitions ont été arrêtées. Elle nous a demandé de bien respecter le confinement qu’il ne fallait pas faire de cours ni rien du tout. Si on a besoin de conseils, on peut les appeler mais moi personnellement les deux fédérations auxquelles je suis affilié, m’ont bien envoyé, par mails, des consignes sur le confinement mais sur tout le reste, on ne peut pas dire qu’ils nous soutiennent vraiment. Les licences seront -elles maintenues au même prix ? Y aura-t-il un effort ? On ne sait pas. Un geste pourrait être fait parce que les licences de cette saison ont été encaissées dans leur entièreté. On verra bien.